Autiste et daltonien
Adam est daltonien, comme mon oncle, mon frère et mon neveu.
Le daltonisme est un trouble héréditaire de type récessif (la transmission se fait par la mère) de la vision des couleurs notamment du rouge et du vert. L’anomalie de la vision est due à un trouble fonctionnel des cônes de la rétine, qui permettent la perception des couleurs.
C’est ainsi qu’Adam n’arrive pas à reconnaître le violet et le mauve (pour lui, c’est du bleu foncé). De façon générale, il ne reconnaît pas les couleurs pastel, comme le bleu clair, le vert clair (pour lui, c’est du gris et du blanc). Souvent le marron clair est déformé en orange et ainsi de suite.
En plus d’être autiste, mon fils est donc également daltonien. Cela pourrait prêter à sourire et pourtant, cette anomalie génétique a joué des tours à Adam pendant des années.
« Adam ne connaît pas les couleurs, il ne réussit pas à faire des exercices très simples ». Combien de fois ai-je pu entendre cette phrase lors des équipes éducatives qui se sont tenues à l’école maternelle…
« Adam a échoué aux tests basiques à base de couleurs » (sous entendu, il a deux neurones). Même genre de réflexion à l’hôpital qu’à l’école lors des évaluations…
Pourtant, il y avait une explication à ces échecs et je n’y avais pas pensé une seconde.
Non, Adam n’avait pas un QI anormalement bas, il était tout simplement atteint par une anomalie génétique pas très fréquente, dont je n’ai pu me rendre compte qu’assez tardivement, lorsqu’il a eu une maitrise de la langue française et un degré de compréhension suffisants pour répondre à des questions lui demandant la couleur de tel ou tel objet.
A force d’erreurs récurrentes sur les mêmes couleurs (toujours vues de la même façon), compte tenu du nombre de cas de daltonisme dans la famille, du souvenir de la découverte du daltonisme de mon frère (je fais mon mea culpa car qu’est-ce que j’ai pu lui faire des commentaires désobligeants quand il était petit parce qu’il ne reconnaissait pas les couleurs !), le constat s’est imposé.
Est-ce grave ? Non, Adam perçoit les couleurs primaires. Pour les dégradés, j’ai tout simplement marqué les couleurs des stylos feutre et des crayons de couleur avec des étiquettes collantes pour qu’il se repère. Il accepte d’ailleurs le décalage entre la couleur qu’il perçoit et celle qui est écrite.
Si plus tard, il met deux chaussettes de couleur différente, ce ne sera pas la fin du monde et tant pis s’il n’est pas pilote de ligne puisque les daltoniens ne peuvent pas exercer tous les emplois !
Ce qui m’ennuie rétrospectivement, c’est de voir qu’une bonne partie de l’étiquette « idiot » a été collée sur Adam quand il était petit parce qu’il ne connaissait pas les couleurs.
Ce n’est que cette année que le médecin scolaire a constaté qu’Adam était daltonien. J’avais juste placé le carnet de santé dans son cartable sans faire mention de ce point. Lorsque j’ai repris le carnet, une fois la visite passée, que j’ai pris connaissance d’un document m’informant que mon fils souffrait d’un trouble de la vision des couleurs. C’était donc la première fois qu’un médecin scolaire procédait à cet examen. Adam avait quand même 8 ans…